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1947 - Des armes pour Israël

Le vendredi 3 juillet 2020, par Michel Carcenac

Au début de l’été 1947, je venais de passer le PCB, examen probatoire pour entrer en première année de médecine. J’avais rejoint la maison familiale, en plein centre de Belvès, en Périgord.

C’est dans les bois tout autour que j’avais résisté dans un maquis célèbre. C’était bien fini, les maquisards étaient repartis dans leur famille mais l’un d’eux réapparut, content de me voir. C’était Maurice, le second du maquis Soleil, organisateur, courageux, ouvert, sympathique.

Maurice NUSEMBAUM était né en 1920 à Varsovie d’une famille juive. Plusieurs membres de sa famille, dont sa mère, furent déportés et ne revinrent pas. Maurice avait été naturalisé Français avant la guerre. En 1941, il rejoint les chantiers de jeunesse puis un maquis dans les Bauges. Après un séjour dans la prison d’Annemasse il adhère au mouvement de Résistance “Combat“. De Grenoble il arrive en Périgord dans l’été 1943 pour intégrer une école de cadres de “Combat“. Son maquis échappe de justesse à une attaque et Maurice se retrouve adjoint de René Coustellier, dit « Soleil ».

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De gauche à droite Maurice Nusembaum, Michel Carcenac, Péron et Soleil.

Nous sommes heureux de nous retrouver à table avec mes parents, surtout ma mère qui lui préparait de bons petits plats, au temps de la clandestinité.

« Michel, par hasard, tu n’aurais pas planqué des armes qui te restent du maquis… ? Les anciens des maquis pensent que ça pourrait servir un jour, on ne sait pas, et puis ça fait des souvenirs. »

Ma mère répond plus vite que moi : « Bien sûr qu’il en a planqué et ça ne me plait pas du tout, la guerre est finie tout de même ! Maurice, vous ne pourriez pas nous en débarrasser ? Michel s’est mis en colère quand j’ai dit qu’il devrait prévenir les gendarmes. »

Quand ma mère était lancée, impossible de l’arrêter, et elle ne craignait personne. Avant la Libération elle avait interpellé Soleil, le redouté, sur la place, devant des témoins :
« Je n’ai pas peur des Allemands, mon fils saura s’en débrouiller, mais j’ai peur de vous. S’il lui arrive quoi que ce soit, je vous fais la peau ! »

À quarante ans elle n’avait peur de rien, surtout pour défendre ses enfants. Après la guerre elle a reçu un beau certificat de Charles Tillon, le fondateur et le chef des FTPF, le créateur des FFI.

Maurice nous apprend qu’il est chargé par l’organisation militaire juive de récupérer des armes pour les envoyer en Israël. La Palestine était alors placée sous protectorat britannique et la marine anglaise bloquait l’arrivée massive des Juifs en Palestine.
Maurice avait déjà fait plusieurs transports d’armes à Sète et près de Marseille.

Après le repas, Maurice et moi descendons à la cave, j’ouvre grand la porte qui donne sur la rue de la Brèche, rue très passante allant de la boucherie à l’hôtel, un des accès à la ville. Maurice arrête sa voiture sur le trottoir, ouvre le coffre tout en saluant des connaissances de passage qui jettent un coup d’œil étonné. Je remarque que cette opération manque de discrétion, dans quelques heures tout Belvès sera au courant, y compris les gendarmes. « Les gendarmes, ne t’inquiète pas, je suis passé les voir. »

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Maurice Nusembaum

Je sors d’une cachette deux mitraillettes Sten, une ou deux grenades, des chargeurs de Sten et une grande quantité de balles enveloppées dans de la toile et graissées. D’autres choses utiles pour faire la guerre mais j’ai oublié leur nature. Pour finir je brandis un fusil anglais, du solide, rien à voir avec la quincaillerie d’une Sten. Un ami armurier, en sciant le canon avait fabriqué une arme redoutable que l’on pouvait cacher sous un vêtement ample. Je n’ai pas montré mon revolver 11/45, il ne m’avait jamais quitté en 1944 et je tenais à lui.

Ce n’était pas une collecte importante pour Maurice, mais ce devait être à peu près pareil dans toutes les maisons et les fermes qu’il connaissait. Au final, ce devait être un beau chargement pour l’Exodus.

De plus, tous les pays du monde étaient scandalisés par l’attitude des Travaillistes anglais qui renvoyaient des Juifs dans des camps près de Hambourg ! Le gouvernement français apportait avec diplomatie son aide à Israël et ne faisait pas de zèle pour examiner la cargaison des navires en partance pour soi-disant le Caire ou la Colombie ! (sic) .

Le gouvernement français était aussi très content de se débarrasser à bon compte de tout cet arsenal qui trainait dans les chaumières. Les gendarmes avaient l’ordre de ne rien voir !

Plus tard, j’ai appris que mon fusil anglais à canon raccourci avait été envoyé par le fond, en face de Haïfa, par les destroyers anglais.

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