« Le vingt un février mil huit cent soixante treize, trois heures du soir, devant nous Jean Louis Théodore Deshayes, maire de la ville de Condrieu, officier de l’état civil ; se sont présentés : Fabien Pavis âgé de quarante huit ans, étameur, et Jacques Bajard, âgé de vingt neuf ans, cordonnier ; tous deux domiciliés à Condrieu ;
Lesquels nous ont déclaré que Cyr Limpalaire, âgé de quarante cinq ans, étameur, né à Romaingol (Morbihan), domicilié à Condrieu, quartier de la Maladière, célibataire, fils de François Limpalaire, marchand domicilié à Vannes (Morbihan) et de mère inconnue ; est décédé à l’hospice de cette ville aujourd’hui à midi.
Après nous être assuré de ce décès, nous avons dressé le présent acte que les déclarants ont signé avec nous, après leur en avoir donné lecture. Pavis, Bajard, Deshayes ».
« Romaingol » est en fait Remungol, dans le Morbihan, à huit kms au nord de Locminé.
Cyr Limpalaire meurt âgé de 45 ans « à l’hospice » ; autrement dit à l’hôpital de Condrieu, petite ville au bord du Rhône ; bien loin de sa Bretagne natale. Il serait donc né vers 1828 d’un François et d’une « mère inconnue » Dans ce cas, c’est probable, le nom et le prénom de la mère de Cyr n’étaient pas connus des déclarants en mairie.
Les tables décennales de Remungol, entre 1823 et 1843, disponible sur Internet ne nous livrent aucune naissance avec ce prénom. Par contre, on note d’autres naissances d’enfants Limpalaire…entre autres, un « Quéric Limpalaire » né le 4 décembre 1827.
Reste à vérifier si ce sont les enfants d’un François. Nous aurions ainsi le nom de la mère… Peut être s’appelle t’elle Julienne Bohec car un « Cosme Lemplair » naît le 17 juillet 1836, « fils de François et de Julienne Bohec ».
Malheureusement, pour l’instant, les registres de l’état civil du village ne sont pas encore en ligne.
Cyr, comme le premier témoin, est « étameur »
« A rétamer casseroles, chaudrons ! Avez-vous des cuillers à fondre, mesdames ? »
Telles sont les paroles qu’on entend parfois dans les rues des villes et des villages prononcées par un homme souvent fort embarrassé, chargé d’une quantité d’ustensiles de toutes sortes, et souvent d’outils plus ou moins encombrants.
Cet homme est le rétameur qui fera briller en un clin d’œil les casseroles les plus rouillées, les plus sales, les plus dégoûtantes, peut être ; qui tirera des cuillers de vieux plats en étain hors d’usage depuis des siècles.
Ce sera encore lui qui bouchera les trous d’une cafetière en fer-blanc ou en fer-battu, laissant couler le liquide qu’on met dedans.C’est qu’un grand nombre de casseroles sont en fer, et par conséquent susceptibles de se rouiller, ce qu’il faut empêcher, car autrement elles ne seraient jamais propres. Les recouvrirons-nous d’une couche de peinture, comme la grille de la cour ? Non, mais d’une mince couche d’étain. Nous aurons alors du fer étamé ou fer-blanc.
On fait avec le fer-blanc non seulement des casseroles, mais une foule d’autres objets, tels que boites au lait, seaux, plats, couverts, arrosoirs, etc.
Les ustensiles de cuisine qui sont en cuivre se rétament comme ceux en fer.
L’étain s’usant vite, on doit recourir de temps à autre à l’étamage. Ce travail consiste à étendre de l’étain fondu sur la casserole à l’aide d’un tampon d’étoupe. Pour que l’opération réussisse bien, l’objet à étamer doit être à la fois très propre et chaud.
L’ouvrier qui étame les ustensiles de cuisine est cet étameur de qui nous venons de parler.
Si c’est un rétameur qui parcourt la campagne pour exercer son métier, on l’appelle rétameur ambulant. Il s’installe en plein air et remet pour ainsi dire à neuf les ustensiles de cuisine plus ou moins propres, plus ou moins rouillés »
Extrait de « Leçons de choses » pour la classe de première année préparatoire des lycées et collèges, ouvrage d’A. Barrot, professeur au lycée Montaigne, publié en 1904.
« Vous avez remarqué, mes enfants, avec quel soin votre mère écure ses ustensiles de cuisine en cuivre. C’est que le vert-de-gris est un violent poison. Mais on a trouvé le moyen de rendre ces ustensiles inoffensifs en recouvrant leur intérieur d’une mince couche d’étain…
Regardez l’étameur quand il s’arrête sur la place du village. Sur un feu de braise ardent, il place un chaudron en fer où il jette des morceaux d’étain qui fondent bientôt. Il nettoie au sable l’intérieur des casseroles de cuivre qu’on lui a confiées, et les chauffe.
Alors, avec une cuiller de fer, il y verse un peu d’étain liquide et enduit tout l’intérieur avec un tampon d’étoupes ; il rejette l’excèdent. L’étain refroidit, redevient solide ; la casserole est pour ainsi dire doublée d’étain, elle est étamée ».
Extrait de « Les sciences physiques et naturelles (leçon de choses) » par J. Dutilleul et E. Ramé (Larousse 1919) livre pour l’enseignement primaire, cours préparatoire et élémentaire.
Extrait du « Magasin pittoresque » sous la direction d’Edouard Charton (1871).